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Soudain, Billard posa sa main sur la mienne, sans raison.

Ma première pensée fut de la retirer — le contact des hommes m’incommode — mais je n’en fis rien.

— Écoute-moi, Bâton.

Je le regardai. Des pores criblaient son nez.

— Il faut que je te demande quelque chose.

La perspective d’être agréable à un camarade m’enchanta.

— Veux-tu me rendre un service ?

— Oui… Oui…

Je craignis qu’il ne me sollicitât d’une chose insignifiante ou bien trop importante. J’aime à rendre des services, de petits services, bien entendu, pour montrer ma bonté.

— Prête-moi cinquante francs.

Nos regards se rencontrèrent. Mille pensées me vinrent à l’esprit. Certainement, il en fut de même chez Billard. Entre nous, il n’y avait plus de barrière. Il lisait dans mon âme aussi facilement que je lisais dans la sienne.

La seconde d’hésitation qui, dans une telle circonstance, frappe chaque homme, disparut et, d’une voix qu’il m’était permis de rendre solennelle, je dis :

— Je vous les prêterai.