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me gagnait, je répétais : elle est laide… elle est laide… elle est laide…

J’atteignis le dernier étage tout essoufflé. Il me semblait que mon cœur changeait de place tellement il battait fort.

Enfin je frappai. La porte était mince : elle résonna.

— Qui est là ?

— Moi.

Dire mon nom eût été plus simple, mais, par timidité, je tentai de l’éviter. Mon propre nom, dans ma bouche, me cause toujours une impression étrange, surtout derrière une porte.

— Qui ?

Je ne pouvais plus me taire :

— Bâton.

Billard ouvrit la porte. J’aperçus une femme assise et, dans la glace de l’armoire, la pièce tout entière se reflétant.

Cette jeune fille était belle. Ses cheveux frisés se tordaient, comme si la lumière de la lampe les eût brûlés.

Abasourdi, je demeurai sur le seuil de la porte, prêt à me sauver.

Elle se leva et vint à moi.

Alors, une joie folle m’empêcha de parler.