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client se dressaient un litre et un verre. On eût pu, avec un couteau, faire de la musique.

Nous nous installâmes, l’un en face de l’autre.

Billard essaya de sortir le camembert de sa poche. Celle-ci était étroite. Il dut se servir de ses deux mains.

Puis, en habitué, il appela la patronne par son petit nom :

— Maria !

C’était une belle campagnarde qui, à chaque instant, s’essuyait les mains jusqu’au coude. Quand elle marchait, ses seins bougeaient et des sous faisaient du bruit dans la poche de son tablier.

— Deux chopines et du pain.

— Une chopine, c’est trop pour moi, dis-je, un peu tard.

— Je paye… Je paye.

— Mais vous n’êtes pas riche.

— Une fois n’est pas coutume.

Je n’avais pas l’intention d’abuser de la bonté de mon voisin. C’est pourquoi ce une fois n’est pas coutume me choqua. Je suis très susceptible. Ne trouverai-je donc jamais un homme bon et généreux ! Ah, si j’étais riche, comme je saurais donner !