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avoir allumé une cigarette, je lorgnai l’intérieur du cabaret.

Billard n’était pas là.

J’eus un éblouissement qui tripla dans mes yeux chaque passant, chaque maison, chaque voiture.

Je comprends que des gens eussent pu rire de mon émotion. Rien de ce qui s’était passé n’aurait frappé un autre que moi. Je suis trop sensible, voilà tout.

Une minute après, je m’éloignai, complètement abattu. Au lieu de réagir, je tâchai à prolonger ma tristesse. Je m’enfermai en moi-même, me faisant plus petit, plus misérable que je ne le suis. Je trouvais ainsi une consolation à mes misères.

Billard n’était pas venu.

Il en a toujours été ainsi dans ma vie. Personne n’a jamais répondu à mon amour. Je ne demande qu’à aimer, qu’à avoir des amis et je demeure toujours seul. On me fait l’aumône, puis on me fuit. La chance ne m’a vraiment pas favorisé.

J’avalai ma salive pour ne pas pleurer.

J’allais droit devant moi, une cigarette