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curs et courts, tressautaient sur les pavés. À force de s’éteindre et de s’allumer, deux enseignes n’attiraient plus l’attention.

Pendant une demi-heure je regardai le prix des souliers, des cravates, des chapeaux. Je m’arrêtai aussi devant les bijouteries. Les étiquettes minuscules étaient à l’envers. Il est impossible de connaître le prix des montres et des bagues sans entrer dans les bijouteries.

Maintenant, Billard devait m’attendre, car au fond il tenait à moi, sinon il ne m’eût pas offert un bock.

Craignant subitement qu’il ne fût venu et reparti, je me hâtai de retourner au café Jacob.

J’étais content qu’il fît nuit. Grâce à l’obscurité, le patron et les clients ne me verraient pas. Je les examinerais de la rue. Et, si Billard n’était pas là, ils ne liraient pas ma déception sur mon visage.

Les cent mètres qu’il me restait à parcourir me semblèrent interminables. J’eus envie de prendre le pas gymnastique, mais la crainte du ridicule me retint : je n’ai jamais couru dans la rue. D’ailleurs, je cours aussi mal qu’une femme.

Enfin, je me trouvai devant le bar. Après