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L’après-midi, je me promenai dans un jardin.

Comme je connais les chiffres romains, je m’amusai à calculer l’âge des statues. Chaque fois j’étais déçu : elles n’avaient jamais plus de cent ans. La poussière ne tarda pas à ternir le cirage de mes souliers. Les cerceaux des enfants tournaient sur eux-mêmes avant de tomber. Sur les bancs, des gens étaient assis, dos à dos.

Tout ce que j’observais ne distrayait que mes yeux. Dans mon cerveau, il y avait Billard.

Le soir arriva enfin. Je repris les rues que nous avions suivies, moi et Billard. La pharmacie était déserte. Cela me causa un effet étrange car, dans mon esprit, elle était associée à un encombrement.

Aucune raison ne m’eût empêché de flâner plus tôt aux abords du café Jacob, mais je savais qu’en revoyant Billard à la même heure que la veille, j’aurais moins l’air de le rechercher. Il supposerait que je passais dans son quartier, chaque jour, vers six heures.

L’estaminet n’était pas loin. Mon cœur, en