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Il y eut un silence. Anxieux, j’attendais la réponse, appréhendant un oui, appréhendant un non.

Enfin, il me répondit :

— Pourquoi te ferais-je dépenser de l’argent ? Tu es pauvre, toi.

Je balbutiai pour insister : ce fut inutile.

Billard sortit lentement, en balançant les bras, en boitant un peu, sans doute parce qu’il était resté immobile. Je l’imitai, boitant sans raison.

— Au revoir, Bâton.

Je n’aime pas à quitter une personne avec qui je me suis entretenu, sans savoir son adresse ni où la revoir. Lorsque, malgré moi, cela arrive, je vis pendant plusieurs heures dans une sorte de malaise. La pensée de la mort, que d’habitude je chasse rapidement, me hante. Cette personne, en s’en allant pour toujours, m’a rappelé, j’ignore pourquoi, que je mourrai seul.

Je regardai tristement Billard.

— Allons, au revoir, Bâton.

— Vous partez ?

— Oui.

— Je vous reverrai, peut-être, par ici ?