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— Bâton Victor, répondis-je comme au régiment.

— Bâton ?

— Oui.

— Quel nom ! dit-il en faisant le simulacre de fouetter un cheval.

Cette plaisanterie ne m’était pas étrangère. Elle m’étonna de la part d’un homme qui paraissait si réservé.

— Et vous, comment vous appelez-vous ?

— Henri Billard.

La peur de le vexer ne m’eût pas retenu, j’aurais, moi aussi, ridiculisé son nom en faisant semblant de jouer au billard.

Mon compagnon ouvrit un porte-monnaie et paya.

N’ayant pas soif, j’eus de la peine à finir mon bock.

Soudain, l’intention d’offrir quelque chose me vint à l’esprit. Je résistai. Après tout, je ne connaissais pas Billard. Mais, à la perspective de me trouver seul dans la rue, je faiblis.

Je fis le vide dans mon cerveau afin qu’aucune considération ne me retînt et, d’une voix que j’entendais comme si je parlais seul, je dis :

— Monsieur… Buvons ce que vous voulez.