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Nous dînerions dans un restaurant où il y a des nappes et des fleurs sur des tiges inégales.

Elle entrerait la première. Des glaces essuyées renverraient ma silhouette cent fois, comme une lignée de becs de gaz. Quand le maître d’hôtel se courberait pour nous saluer, son plastron bomberait du ventre au col. Le violon-solo reculerait, s’élancerait en avant sur un tremplin, en se balançant. Des mèches ballotteraient sur ses yeux, comme au sortir d’un bain.

Au théâtre, nous occuperions une loge. En me penchant, je pourrais toucher le rideau. De toute la salle, on nous observerait, avec des lorgnettes.

Tout d’un coup les ampoules de la rampe, derrière leur abat-jour de zinc, illumineraient la scène.

Nous apercevrions le profil des décors et, dans les coulisses, des acteurs qui ne remueraient pas les bras.

Un chanteur mondain, avec ses boutons de jais, nous lancerait un regard après chaque couplet.

Puis, une danseuse évoluerait sur la pointe