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III


Quand le luxe me fait envie, je vais me promener autour de la Madeleine. C’est un quartier riche. Les rues sentent le pavé de bois et le tuyau d’échappement. Le tourbillon qui suit les autobus et les taxis me soufflette la face et les mains. Devant les cafés, les cris que je perçois une seconde semblent sortir d’un porte-voix qui tourne. Je contemple les automobiles arrêtées. Les femmes parfument l’air derrière elles. Je ne traverse les boulevards que lorsqu’un agent interrompt la circulation.

Je m’imagine que, malgré mes habits usés, les gens attablés, aux terrasses, me remarquent.

Une fois, une dame, assise devant une théière minuscule, m’a toisé.

Heureux, plein d’espoir, je suis revenu sur mes pas. Mais les consommateurs ont souri et le garçon m’a cherché des yeux.