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Depuis cet incident, il ne m’adresse plus la parole.

Il y a aussi une boucherie dans ma rue.

Des quartiers de viande pendent par un tendon à des crochets argentés. L’établi est usé au milieu comme une marche. Des filets de bœuf liés saignent sur du papier jaune. La sciure se colle aux pieds des clients. Les poids fourbis sont alignés par ordre de grandeur. Il y a une grille comme si on craignait que la viande ne s’échappât.

Le soir, je vois, au travers de cette grille peinte en rouge, des plantes vertes sur le marbre nu de la devanture.

Le patron de cette boucherie ne se souvient pas de moi : je n’ai acheté que quatre sous de déchets pour un chat galeux, l’année dernière.

La boulangerie est bien tenue. Chaque matin, une jeune fille lave la devanture. Des filets d’eau suivent la pente du trottoir.

Au travers de la vitrine, on voit la boutique tout entière, avec ses glaces, ses boiseries Louis XV et ses gâteaux sur des assiettes de fil de fer.