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qui, quand j’étais petit, me donna quelques sous, de même beaucoup d’enfants se souviendront de moi lorsqu’ils auront grandi, car souvent je leur fais des cadeaux.

C’est une joie immense de savoir que j’existerai toujours dans ces âmes.

Il va falloir quitter ma chambre. Ma vie est-elle donc anormale au point de scandaliser le monde ? Je ne peux le croire.

Dans quinze jours, je serai ailleurs, je n’aurai plus la clef de cette chambre où j’ai vécu trois années, où mes habits de soldat sont tombés, où, démobilisé, j’ai cru que j’allais être heureux.

Oui, dans quinze jours je vais partir. Alors les voisins auront peut-être du remords, car les changements touchent toujours, même les plus insensibles. Ils auront peut-être, une seconde seulement, la sensation d’avoir été méchants. Cela me suffira.

Ils viendront dans ma chambre vide et, comme il n’y aura plus de meubles, ils regarderont dans les placards. Mais ils ne verront rien.

C’est fini. Le soleil ne me dira plus l’heure