Page:Bove - Mes Amis.djvu/195

Cette page a été validée par deux contributeurs.

procha de l’inconnue, ôta son chapeau comme quelque chose qu’il ne faut pas renverser et murmura des mots que je n’entendis pas.

Je le voyais de dos. Il devait rire ou parler, car les pointes de sa moustache remuaient.

Ah ! si j’avais été à la place de cette femme, comme je l’aurais giflé !

Elle ne le gifla pas, mais elle fit demi-tour. Interloqué, le monsieur posa son chapeau sur sa tête et ne le lâcha que lorsque celui-ci eut retrouvé la position de tout à l’heure, puis, se mettant à l’écart, il fit semblant de renouer son lacet.

À mon tour, je m’approchai de l’inconnue. L’homme est si vaniteux qu’il verrait une femme chasser dix prétendants qu’il lui ferait tout de même la cour.

— Excusez-moi, mademoiselle.

Je me gardai bien de cligner de l’œil.

— Ce monsieur a sans doute été grossier. Je vous parle afin qu’il ne vous importune plus.

— Je vous remercie.

Elle leva la tête. Les yeux et les oreilles étaient à demi dissimulés par le chapeau. Elle avait un nez régulier, des lèvres pâles qui, quand elle entr’ouvrait la bouche, restaient