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rette dans la bouche de l’héroïne. Je déplorais la bêtise des gens, lorsque mes yeux se portèrent sur une femme qui m’examinait, à mon insu.

Devinant que j’avais été observé, je résumai immédiatement dans mon cerveau toutes mes dernières attitudes, afin de m’assurer que je n’avais pas fait un geste inconvenant.

J’étais content. On aime à être épié sans le savoir, surtout quand on a une attitude distraite. Une fois, je me suis reconnu sur une photographie de journal, dans un attroupement. Cela me fit plus de plaisir que le plus bel agrandissement.

Cette femme n’était pas élégante, à cause de ses pieds ; mais il suffit qu’une femme me regarde pour que je lui trouve un charme.

Comme je suis timide, je dus faire des efforts pour ne pas baisser les yeux. Un homme ne doit pas baisser les yeux le premier.

Un monsieur, qui avait une barbiche blanche et un chapeau sur les yeux, regardait aussi cette femme. Il était arrêté. Le poids de son corps portait tantôt sur une jambe, tantôt sur l’autre, comme celui d’un échassier.

Craignant que je ne le précédasse, il s’ap-