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Il était si furieux que je craignais qu’il ne me frappât. J’avais peine à croire que j’étais la cause d’une telle colère.

— Oui… voilà le remerciement. Faites attention à vous, vous ferez connaissance avec la police. Vous êtes un triste sire.

Il sortit enfin, claquant la porte si fort qu’elle ne se ferma pas.

J’entendis ses pas dans l’escalier et, quand le bruit changeait sur les paliers, j’avais peur qu’il ne revînt.

Assis sur le lit, je regardai mon habit neuf, qui n’avait plus de raison d’être, et le désordre de ma chambre dans l’air frais du matin.

J’avais un mal de tête violent. Je songeai à ma vie triste, sans amis, sans argent. Je ne demandais qu’à aimer, qu’à être comme tout le monde. Ce n’était pourtant pas grand’chose.

Puis, subitement, j’éclatai en sanglots.

Bientôt, je m’aperçus que je me forçais à pleurer.

Je me levai. Les larmes séchèrent sur mes joues.

J’eus la sensation désagréable qu’on éprouve quand on s’est lavé la figure et qu’on ne se l’est pas essuyée.