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plus de valeur qu’aujourd’hui. C’est un complet. Il y a le pantalon, la veste et le gilet. Attendez, je vais le chercher.

Mme Junod revint quelques instants après, avec le complet enveloppé dans une toile.

Elle le posa sur la table, ôta les épingles et prenant la veste elle me la montra devant et derrière, au bout de son bras tendu.

Je touchai l’étoffe.

— Regardez la doublure, monsieur.

En effet, le complet était neuf. Il n’y avait pas de taches sous les bras. Les boutonnières et les poches étaient raides.

— C’est un crève-cœur pour moi, monsieur, de me séparer de ces reliques. J’ai peur que mon mari, qui est au ciel, ne me voie. Mais, que voulez-vous, je ne suis pas riche. Il faut vivre. Mon mari me pardonnera. Tenez, regardez, nous voilà.

Elle me montra une photographie haute d’un mètre qui représentait un couple de mariés.

— Vous voyez, monsieur, c’est l’agrandissement d’un agrandissement. Plus mon mari est grand plus il me paraît vivant.

Je regardai longuement les mariés. Je ne reconnaissais pas Mme Junod.