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Elle s’approcha, salie aux genoux par de la farine, comme par un pneu de bicyclette.

— Monsieur vient pour le complet, expliqua le boulanger.

La patronne s’apprêtait à me renseigner lorsqu’un client entra.

Elle me délaissa pour le servir, cependant que son mari faisait glisser dans un tiroir ouvert — comme on attrape une mouche — les pièces qui se trouvaient sur la caisse de marbre.

Des billets de banque en désordre emplissaient un casier de ce tiroir. Les déplier, les compter, le soir, quand la boutique est fermée, cela doit causer une grande joie.

— Mais comment s’appelle la personne qui vend le complet ? demandai-je.

— C’est la veuve Junod.

En apprenant que cette personne était une veuve, j’en ressentis un vif plaisir. Je préfère avoir affaire aux femmes qu’aux hommes.

— Et elle habite au 23.

— Je vous remercie.

Pour sortir, je fis un détour parce qu’une jeune fille accroupie lavait d’une main les cubes en perspective du dallage.