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M. Lacaze sortit son portefeuille.

J’eus un frisson qui me donna l’illusion que la peau de mon crâne se plissait.

Combien allait-il me donner ? Mille francs peut-être !

Il compta des billets épinglés, comme on feuillette un livre. Je suivais chacun de ses gestes.

Il ôta l’épingle et me tendit un billet de cent francs, non sans l’avoir froissé pour s’assurer qu’il était seul.

Je le pris. J’étais gêné de le tenir à la main et je n’osais le mettre tout de suite dans ma poche.

— Allons, cachez-le et, surtout, ne le perdez pas. Vous achèterez un complet d’occasion. Le vôtre est trop grand.

— Bien, monsieur.

— Et vous viendrez me voir dans votre nouvel habit.

Pendant que M. Lacaze parlait, je pensais que je n’aurais pas dû accepter le billet si vite. Mon attitude ne concordait plus avec celle de la gare.

— Venez me voir…

L’industriel consulta un agenda, en traînant sur le mot « voir ».