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— J’aime les pauvres, mon brave. Ils sont malheureux. Chaque fois que j’ai l’occasion de leur venir en aide, je le fais. Vous, vous me paraissez être dans une situation intéressante.

— Oh ! monsieur.

Sur la cheminée, trois chevaux dorés buvaient une glace dans un abreuvoir doré.

— Votre délicatesse m’a beaucoup plu.

— Oh ! monsieur.

Je me réjouissais de la tournure que prenait la conversation lorsque la porte s’ouvrit. Une jeune fille apparut et, m’apercevant, hésita à entrer. Elle était blonde et belle, comme ces femmes qui, sur les cartes postales anglaises, embrassent le museau d’un cheval.

— Entre donc, Jeanne.

Je me levai, assez difficilement.

— Restez assis… restez assis… me dit l’industriel.

Cette injonction m’humilia. M. Lacaze m’avait commandé de rester assis pour me faire comprendre que je n’avais rien à voir avec les siens.

Il s’installa à son bureau et écrivit quelque chose. La jeune fille attendait et, de temps en temps, elle me regardait à la dérobée.