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discerner tout de suite un riche d’un pauvre, un maître d’un homme comme eux.

Au deuxième, je sonnai. Une bonne m’ouvrit. Elle était sans doute prévenue car, avant que j’eusse le temps de parler, elle me pria d’entrer, avec un air protecteur.

Je la suivis. Nous traversâmes la cuisine, qui sentait déjà la friture, puis un long corridor.

Subitement, je me trouvai dans une antichambre.

— Attendez… je vais prévenir monsieur.

Alors, j’entendis la voix de l’industriel, au travers de la cloison. Il disait :

— Faites-le entrer, ce pauvre homme.

Je fus vexé. On n’aime pas que les domestiques sachent ce que leur maître pense de vous. En outre, M. Lacaze n’ignorait certainement pas que je l’entendais.

Mais, comme je ne connais pas les habitudes des gens riches, je ne voulus pas me formaliser.

Il se pouvait que M. Lacaze eût à s’occuper de choses autrement importantes que de ces questions d’amour-propre.

La bonne reparut. En me conduisant vers le bureau, elle murmura :