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quelques minutes en avance. Je m’arrange toujours pour arriver trop tôt. De cette façon j’ai le temps de me préparer.

Après avoir passé trois ou quatre fois devant la porte, j’entrai. La carte de visite de M. Lacaze était dans ma poche. Je la touchais rarement afin de ne pas la salir. C’est si laid des empreintes de doigt sur quelque chose de blanc. Des gouttes froides de sueur tombaient de mes aisselles, le long de mes côtes.

Au travers d’une porte vitrée, je vis un escalier sous un tapis.

Le concierge, immobile au milieu de la cour, regardait une fenêtre.

Je l’appelai, il se retourna.

— Monsieur Lacaze ? demandai-je.

Et pour prouver que je connaissais M. Lacaze, je tendis la carte de visite. J’étais fier car certainement le riche industriel ne donnait pas sa carte à n’importe qui.

Le concierge prit la carte. Une calotte raide le coiffait. Un plumeau pendait au cordon de son tablier.

— C’est vous le monsieur qui devez venir à dix heures ?

— Oui, monsieur.