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lais que les voyageurs eussent un remords, en partant, qu’ils pensassent à moi, en roulant vers d’autres pays.

Je marchais la tête basse et, quand je rencontrais une jolie femme, je la regardais avec mélancolie, pour la toucher. J’espérais qu’elle devinerait mon besoin d’amour.

Lorsque je sors de chez moi, je compte toujours sur un événement qui bouleversera ma vie. Je l’attends jusqu’à mon retour. C’est pourquoi je ne reste jamais dans ma chambre.

Malheureusement, cet événement ne s’est jamais produit.

— Hé… là-bas… l’homme !

M’étant retourné, je vis, à vingt mètres, un monsieur qui devait se trouver dans un courant d’air : son pardessus flottait comme sur le pont d’un navire. Une valise pendait au bout de son bras droit.

Ne sachant pas si c’était à moi qu’il s’adressait, j’attendis. Alors, il me fit un signe avec l’index, comme s’il pressait sur une gâchette.

Je regardai autour de moi, afin de m’assurer qu’il n’appelait pas quelqu’un d’autre et, ne voyant personne, je m’approchai.