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On devine que ces voyageurs ne voudraient pas être à la place de celui qui, comme moi, les regarde partir.

De grandes jeunes filles attendent que les malles soient enregistrées. Elles sont belles. Je les examine en me demandant si, habillées en ouvrières, elles seraient aussi belles.

J’aime la gare de Lyon parce que, derrière, il y a la Seine avec ses berges, avec ses grues qui tournent dans l’air, avec ses péniches immobiles comme des îlots, avec ses fumées qui, dans le ciel, se sont arrêtées de monter.

Un jour, ne sachant comment employer mon temps, je me décidai à passer quelques heures dans la gare de Lyon.

Les portes sans serrures battaient l’air. Mes pieds glissaient sur les dallages de verre, comme dans une forêt de sapins. Des publications collaient sur les carreaux humides d’un kiosque. Les courants d’air empêchaient les gens d’ouvrir leurs journaux. Derrière les guichets, il y avait de la lumière, malgré le jour. Les employés de chemin de fer avaient un air de parenté avec les sergents de ville.

Personne ne faisait attention à moi. J’étais triste. Je m’efforçais de le demeurer. Je vou-