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Je pensais que si j’avais tourné à gauche ou à droite, cela n’aurait pas eu d’importance puisque le marinier m’eût suivi.

Malgré la cohue, le chemin était toujours libre devant nous. Quand il fallait traverser une rue, un agent, comme par hasard, interrompait la circulation. Quand un encombrement obstruait le trottoir, un passage se faisait au moment où nous arrivions.

Nous prîmes une rue déserte. La lueur des réverbères bougeait sur les maisons, jusqu’au premier étage. Nos ombres, cassées aux genoux, tantôt nous précédaient, tantôt nous suivaient, sur les murs. En haut d’une maison, une fenêtre éclairée projetait son carré agrandi et affaibli sur la façade opposée.

De temps en temps, je m’appuyais à un mur : du plâtre s’introduisait sous mes ongles.

Ou bien je tâtais ma poche intérieure, car, malgré mon ivresse, je pensais à mon portefeuille. Je craignais que mon voisin ne profitât de mon état pour le voler.

Un gramophone retentit. Un numéro illuminait une porte.

Nous étions arrivés.

Je dois dire que seul je n’aurais jamais osé