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Je n’en voulais pas à Neveu, mais il aurait dû être plus délicat. Je l’avais bien été avec Billard.

Comme je suis très bon, je répondis à mon voisin.

— Victor Bâton.

À présent, une rougeur de fruit mûr teintait ses pommettes, sur l’os. Sa barbe frisait mieux. Des miettes de pain tenaient au chandail.

Neveu, malgré son manque de délicatesse, m’était sympathique. Enfin, j’avais trouvé un ami sur qui je pourrais compter. Il ne connaîtrait que moi. Ma jalousie n’aurait pas lieu de se manifester. En outre, j’étais fier d’être plus malin, plus débrouillard que lui. Quand nous sortirions ensemble, il passerait par les rues qui me plaisent ; il s’arrêterait devant les magasins que j’aime.

— Où dors-tu, ce soir ? demandai-je en sachant très bien qu’il n’avait pas de domicile.

— Je ne sais pas.

— Sois tranquille, je m’occuperai de toi.

Ma première pensée fut de lui faire un lit chez moi. Mais j’abandonnai bien vite ce projet. D’abord, la concierge m’aurait fait la tête. Ensuite, mon lit est une chose sacrée. J’ai,