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Nous entrâmes dans un restaurant, moi le premier.

— Que prends-tu ?

Maintenant je le tutoyais, parce qu’il me devait la vie, et aussi, parce qu’il était plus pauvre que moi.

— Comme vous.

— Du rouge, alors ?

— Oui.

On nous apporta du vin dans un litre lavé, un pain fendu et quatre saucisses qui crépitèrent jusque dans nos assiettes.

Je payai.

Je paye toujours d’avance. De cette façon, je suis tranquille. Je sais que l’argent qui reste dans mon porte-monnaie m’appartient entièrement.

Le marinier se jeta sur les saucisses.

— Fais attention, mange lentement.

Il ne me répondit pas. Je sentis alors que je diminuais d’importance à ses yeux.

Quand il eut fini, je lui demandai :

— As-tu bien mangé ?

Il essuya sa moustache avec la paume de sa main avant de répondre « oui ».

Comme il ne me remerciait pas, j’ajoutai :