Page:Bouvier - Les Mystères du confessionnal, 1875.djvu/74

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus retenues par aucun frein, elles se livrent aux plus infames débauches. Livrées tout à la fois à l’ignorance, à la corruption, à la fréquentation d’hommes perdus de mœurs et à la prévention contre la religion et ses ministres, elles s’endurcissent dans la perversité et ne se corrigent point ; le plus souvent, elles se conduisent dans le mariage d’une manière indigne, scandalisent leurs domestiques, élèvent mal leurs enfants, et ainsi l’impiété fait des progrès et la corruption de leurs mœurs augmentant de plus en plus, ne leur laisse presque aucun moyen de faire quelque chose de bon.

On doit, au contraire, traiter avec douceur les pénitentes et les pénitents qui fréquentent les bals, les détourner de ces sortes de dangers par la persuasion et les prières, leur donner de salutaires conseils pour éviter le péril ; s’ils ont commis une faute, on doit leur faire paternellement des reproches, différer l’absolution, et enfin les reconnaissant repentants de leurs péchés, quoiqu’ils ne soient pas exempts de toute faute, on doit leur donner l’absolution et les admettre à la communion, du moins à Pâques ; en agissant ainsi, on prépare très efficacement leur salut et on est utile au bien de la religion.

Des principes que nous venons de poser découlent quelques conséquences qu’il est utile de consigner ici, savoir :

1o On ne doit pas proscrire publiquement les danses là où elles sont en usage et regardées comme licites ou indifférentes ; il sera permis de prêcher contre les péchés qui s’y commettent d’habitude, en termes chastes et de manière à ne pas offenser les oreilles pudiques. Il conviendra de parler avec précaution des personnes qui fréquentent les réunions de ce genre ou qui les tiennent chez elles ; elles ne doivent pas être notées d’infamie, et il ne serait pas prudent de déclarer que ceux qui auraient dansé ou assisté à des bals, ne seraient pas, pour cette raison, admis par la suite à la communion pascale.

2o Le confesseur ne peut donc pas repousser indistinctement ceux qui refusent de renoncer à des danses d’ailleurs honnêtes ; il ne peut pas non plus absoudre tous les pénitents indifféremment. C’est pourquoi il doit examiner avec soin les circonstances de la danse, de l’endroit où elle a eu lieu, de l’époque de l’année, des personnes qui y assistaient, du danger que le pénitent a couru, etc.

3o On ne peut pas absoudre ceux qui tiennent chez eux des bals publics où ils attirent, sans distinction, les jeunes gens des deux sexes, comme beaucoup de cabaretiers et d’aubergistes des villes ou des villages ; car l’expérience prouve que ces réunions où se rencontrent toute sorte de gens doivent être regardées comme des écoles de vices et de corruption.

Par la même raison, on ne doit pas admettre, si ce n’est sous promesse qu’ils abandonneront cette profession, les joueurs d’instruments qui président aux danses dans ces sortes de bals.

4o Il ne faudrait pas traiter avec la même sévérité ceux qui, pour des réjouissances publiques, données par l’autorité, prêteraient leur maison, procureraient des musiciens ou feraient eux-mêmes danser en jouant de divers instruments. Car s’il en résulte quelque danger, il y a des raisons suffisantes pour le tolérer, et qui excusent, sinon d’un péché véniel, au moins d’un péché mortel. Du reste, les curés et les confesseurs doivent, dans ce cas, prudemment passer sous silence ce qu’ils ne sauraient empêcher.

5o Je ne regarderais pas comme coupables de péché mortel ceux qui, quelquefois seulement dans l’année, à l’époque de la moisson par exemple ou les jours de fête, sont dans l’habitude de donner un bal à leurs parents, à leurs voisins ou à leurs ou-