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ces lectures produisent, chez eux, le dégoût de la piété, le relâchement dans le travail, l’anéantissement de l’esprit d’onction et de ferveur, etc. Aussi remarque-t-on avec raison que ces livres sont souvent beaucoup plus nuisibles aux fidèles que s’ils étaient profondément obscènes, car alors ils exciteraient l’horreur ; on doit donc détourner les pénitents de cette lecture.

Ceux qui composent les livres dont nous venons de parler, ne seraient-ils même pas gravement obscènes, pèchent souvent mortellement, parce que, sans raisons suffisantes, ils sont une occasion de ruine pour beaucoup de personnes. Ceux qui les vendent ne nous paraissent pas commettre un aussi grave péché. En effet, d’après ce que nous avons dit, beaucoup de personnes peuvent les lire sans pécher, ou du moins, sans pécher mortellement ; il en résulte qu’elles ne commettent pas de péché en les achetant, ou qu’elles commettent seulement un péché véniel. Le libraire qui les a en magasin et qui les vend à ceux qui lui en font la demande, ne doit donc pas être considéré comme en état de péché.

5o Les pères de famille, les maîtres d’école, les chefs de maison et tous ceux qui sont chargés de la direction des autres doivent, autant que possible, éloigner leurs inférieurs de la lecture des romans et les accoutumer aux lectures pieuses, saintes et sérieuses. C’est le seul moyen de faire des hommes instruits, sensés, vertueux, défenseurs de la religion et de la société, propres à diriger leur famille et toute sorte d’affaires.


§ III. — Des danses et des bals


Danses et bals sont deux mots synonymes qui expriment certains modes d’amusement ou de récréation connus de tout le monde. Il y a trois sortes de danses : la première, qui est certainement licite, a lieu entre personnes du même sexe, soit hommes, soit femmes, sans actions, gestes ou paroles impudiques. La seconde, entre personnes du même sexe ou de sexe différent, exécutée d’une manière indécente ou avec de mauvaises intentions, doit certainement être réprouvée par tout le monde. La troisième a lieu entre hommes et femmes d’une manière décente et sans intentions mauvaises ; c’est sur cette dernière seulement que les controverses se sont élevées entre les auteurs.

Les auteurs de la théologie morale, dit Benoit XIV, inst. 75, no 3, sont unanimes pour reconnaître que ceux qui se livrent à la danse ne commettent aucune espèce de péché…… Les Pères de l’Église, au contraire, s’élèvent contré les danses qu’ils montrent comme propres à entraîner dans le crime les personnes qui s’y livrent.

Les auteurs dont nous venons de parler et les SS. PP. ne sont cependant pas en contradiction, car les premiers parlent des danses considérées comme amusement licite, et les seconds les envisagent plutôt au point de vue de leurs dangers et de leurs conséquences. C’est ainsi que le P. Segneri et St Ligori, 1. 3, no  429, apprécient l’opinion de Benoit XIV. On se trouve donc en face d’une double décision, savoir :

1o Celle qui veut que les danses ne soient pas, par elles-mêmes, illicites ;

2o Celle qui veut que les genres de danses auxquelles on se livre d’habitude, soient entourées de toute espèce de dangers.

Cela posé, il est important d’établir des règles pratiques d’une grande importance pour la direction des âmes.

1o C’est un péché mortel d’assister à des bals gravement déshonnêtes à cause des nudités, de la manière de danser, des paroles et gestes : Aussi la danse allemande, vulgairement appelée valse, ne