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dans les oreilles ; enfin une fièvre aiguë termine leurs jours.

Arétin, médecin grec, qui vivaint au temps de Trajan, dit, l. 2, c. 1 :

Les jeunes gens (adonnés à ce vice) prennent les maladies et les infirmités des vieillards ; ils deviennent pâles, efféminés, engourdis, lâches, paresseux, stupides, et même imbéciles ; leur corps se courbe ; leurs jambes ne peuvent plus les porter ; ils ont un dégoût général ; ils sont inhabiles à tout, et plusieurs tombent dans la paralysie.

Ces principes généraux, établis par les médecins de l’antiquité, sont admis par tous les médecins modernes qui les appuyent de faits innombrables dont nous rapporterons seulement quelques-uns.

Hoffman, célèbre professeur de médecine allemande à l’université de H………, rapporte, dans son traité intitulé : Des maladies occasionnées par l’abus des plaisirs de l’amour :

Qu’un jeune homme de dix-huit ans, qui s’était abandonné à une servante, tomba tout à coup en faiblesse, avec un tremblement général de tous ses membres : il avait le visage rouge et le pouls très-faible. On le tira de cet état au bout d’une heure ; mais il resta dans une langueur générale.

Tissot, de l’Onanisme, p. 33, décrit ainsi l’état d’un jeune homme auprès duquel il fut appelé :

Je fus effrayé moi-même la première fois que je vis cet infortuné.

Je sentis alors, plus que je n’avais fait encore, la nécessité de montrer aux jeunes gens toutes les horreurs du précipice dans lequel ils se jettent volontairement, en se livrant à ce vice honteux.

L. D***, horloger, avait été sage et avait joui d’une bonne santé jusqu’à l’âge de dix-sept ans. À cette époque il se livra à la masturbation, qu’il réitérait jusqu’à trois fois ; et l’éjaculation était toujours précédée et accompagnée d’une légère perte de connaissance et d’un mouvement convulsif dans les muscles extenseurs de la tête, qui la tiraient fortement en arrière, pendant que son cou se gonflait extraordinairement.

Il ne s’était pas écoulé un an qu’il commença à sentir une grande faiblesse après chaque acte : son âme, déjà toute livrée à ces ordures, n’était plus capable d’autres idées, et les réitérations de son crime devinrent tous les jours plus fréquentes, jusqu’à ce qu’il se trouvât dans un état qui fit craindre la mort.

Sage trop tard, le mal avait fait tant de progrès, qu’il ne pouvait être guéri, et les parties génitales étaient devenues si irritables et si faibles, qu’il n’était plus besoin d’un nouvel acte de la part de cet infortuné, pour faire épancher la semence. L’irritation la plus légère procurait sur-le-champ une érection parfaite, qui était immédiatement suivie d’une évacuation de cette liqueur, ce qui augmentait journellement sa faiblesse.

Ce spasme, qu’il n’éprouvait, auparavant, que dans le temps de la consommation de l’acte, et qui cessait en même temps, était devenu habituel, et l’attaquait souvent sans aucune cause apparente, et d’une façon si violente, que pendant tout le temps de l’accès, qui durait quelquefois quinze heures et jamais moins de huit, il éprouvait dans toute la partie postérieure du cou des douleurs si violentes, qu’il poussait ordinairement, non pas des cris, mais des hurlements ; et il lui était impossible, pendant tout ce temps-là, d’avaler rien de liquide ou de solide.

Sa voix était devenue enrouée ; la respiration était gênée ; il perdit totalement ses forces.

Obligé de renoncer à sa profession, incapable de tout, accablé de misère, il languit presque sans secours pendant quelques mois, d’autant plus à plaindre, qu’un reste de mémoire, qui ne tarda pas à s’évanouir, ne servait qu’à lui rappeler sans cesse les causes de son malheur, et à l’augmenter de toute l’horreur des remords.

Ayant appris son état, je me rendis chez lui ; je trouvai moins un être vivant qu’un cadavre gisant sur la paille, maigre, pâle, sale, répandant une odeur infecte, presque incapable d’aucun mouvement : il perdait souvent par le nez un sang pâle et aqueux ; une bave lui sortait continuellement de la bouche. Attaqué de la diarrhée, il rendait ses excréments dans son lit sans s’en apercevoir. Le flux de la semence était continuel ; ses yeux chassieux, troublés et éteints, n’avaient plus la faculté de se mouvoir le pouls était extrêmement petit, vite et fréquent ; la respiration très-gênée, la maigreur extrême, excepté aux pieds, qui commençaient à être œdémateux.

Le désordre de l’esprit n’était pas moindre : sans idées, sans mémoire, incapable de lier deux phrases, sans réflexion, sans inquiétude sur son sort, sans autre sentiment que celui de la douleur, qui revenait avec tous les accès au moins tous les trois jours. Être bien au-dessous de la brute, spectacle dont on ne peut concevoir l’horreur : on avait peine à reconnaître qu’il avait autrefois appartenu à l’espèce humaine………… Il mourut au bout de quelques semaines, œdémateux de tout le corps, en juin 1757.