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supposer qu’il y a absence de consentement actuel, non, ensuite dans l’hypothèse, si d’ailleurs la cause est légère et influe sur l’acte d’une manière seulement légère. C’est ainsi que, contre un petit nombre, pensent généralement les théologiens avec Saint Thomas.

7o Un péché mortel, autre qu’un péché de luxure, la colère et l’ivrognerie, par exemple, qui influent sur la pollution d’une manière éloignée, n’est regardé que comme péché véniel de luxure. La raison seule peut faire la part de l’influence ; or, dans ce cas, on la suppose légère. C’est l’opinion de S. Ligori, l. 3, no  484, et beaucoup de théologiens pensent comme lui. On devrait évidemment adopter l’opinion contraire dans le cas où l’on jugerait que le péché, par sa fréquence, influe sur la pollution d’une manière prochaine.


§ III. — De la pollution nocturne


Par pollution nocturne, on entend celle qui se produit pendant le sommeil. Si le sommeil est imparfait, la pollution peut être semi-volontaire, et le péché, par conséquent, véniel. La pollution n’étant nullement volontaire dans le sommeil parfait, ne peut entraîner de péché ; car, dans ce cas, elle ne peut être mauvaise que dans sa cause.

Il est certain que celui qui établit une cause, dans l’intention de faire arriver la pollution pendant le sommeil, en prenant certaines positions dans son lit, en se couvrant, en se touchant, etc., pèche mortellement.

Ce cas excepté, on doit examiner quelle est la cause de la pollution nocturne et de quelle manière elle influe sur la pollution.

St Thomas, 22, q. 154, art. 5, et d’autres théologiens en distinguent trois : une corporelle, l’autre spirituelle intrinsèque et la troisième spirituelle extrinsèque.

I. Par cause corporelle, on entend :

1o L’excès de matière séminale dont la nature se dégage par l’écoulement, lorsqu’elle en est surchargée.

2o Les fantômes imprimés sur l’imagination par l’excès même de la matière, ou par toute autre disposition du corps.

3o L’excès dans le boire ou le manger, ou les propriétés trop échauffantes des mets et de la boisson.

4o Les causes diverses qui préparent le flux de la matière, telles que l’équitation, la vue ou le toucher des parties honteuses.

5o Certaines âcretés d’humeurs, un sang trop échauffé, l’irritabilité des nerfs, les attouchements pendant les rêves, la souplesse du lit, etc.

6o La faiblesse des organes qui peut provenir soit d’une constitution défectueuse ou débile, soit de l’habitude qu’on a contractée de se polluer, faiblesse qui occasionne des écoulements assez fréquents pour nuire gravement à la santé.

II. La cause spirituelle intrinsèque, appelée par St Thomas animale parce qu’elle réside dans l’âme, est la pensée, avant le sommeil, d’une chose honteuse Par là, on entend les désirs, la délectation morose, les mauvaises conversations, la fréquentation des femmes, l’assistance aux spectacles et aux bals, la lecture des livres obscènes, etc.

III. D’après St Thomas et tous les autres docteurs, la cause spirituelle extrinsèque est une opération par laquelle le démon provoque la pollution en frappant l’imagination et en mettant en mouvement les esprits génitaux. Ces dernières pollutions