Page:Bouvier - Les Mystères du confessionnal, 1875.djvu/14

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plaires, arrivé à sa vingtième édition, est mis, sous le nom de Diaconales, dans les mains des diacres, quelque temps avant leur élévation à la prêtrise.

Ils doivent l’étudier, le méditer, le réciter mot à mot devant leurs condisciples attentifs, en présence d’un professeur chargé de le commenter.

Nous avons dû pâlir nous-même sur ce livre, durant plusieurs mois, en écouter tout ému les explications, sur les bancs de l’école.

Écrit en latin, c’est la première fois qu’il se publie traduit en français.

Par respect pour le lecteur et pour les bonnes mœurs, longtemps nous avons reculé devant la vulgarisation de l’ouvrage le plus froidement obscène que nous connaissions.

Quel code d’immoralités ! Quel recueil de turpitudes dans cette élucubration épiscopale !

Quelle boue infecte remuée dans tous les sens, et comme à plaisir, par un vieux ribaud, un satyre mitré ! Rien n’est oublié dans cette œuvre, depuis l’origine d’une pensée sensuelle jusqu’à l’action la plus dégradante ; depuis un simple désir jusqu’au plus mauvais acte de bestialité, accompli avec l’animal le plus vil, ou sur une femme déjà morte, ou avec un démon de l’un ou de l’autre sexe ayant pris une forme sensible.

Les abominations étalées dans ce livre, dépassent les obscénités des soupers de la régence sous le duc d’Orléans, les turpitudes du Parc-aux-cerfs de Louis XV, et sont de nature à faire rougir les plus éhontées messalines, à faire bouillir le sang du plus austère des anachorètes.

« On a entendu quelquefois parler, dit le journal la République française, sous le manteau de la cheminée, des doctes élucubrations de Sanchez et de Liguori, sur les basses régions de l’animalité humaine. On se plaisait seulement à penser que leurs curieux et odieux bouquins, relégués dans les endroits honteux des bibliothèques, dormaient d’un sommeil, à peine troublé par quelque historien hardi ou par quelque amateur de haute gresse. Il n’en est rien. Ces catholiques inventeurs du cas de conscience, qui, pour le salut des âmes, ont reculé les limites de l’imagination lubrique, ont engendré toute une famille de pornographes sacrés. Ils règnent encore, et ils s’ingénient, et ils s’évertuent dans le demi-jour du confessionnal. Rien de plus naturel pour peu qu’on veuille y réfléchir un moment. La religion entend s’immiscer dans tous les actes, propres et sales, de ceux qui la pratiquent ; elle s’est donné la tâche de laver dans les eaux de la pénitence, et de la tête aux pieds, hommes et femmes, filles et garçons de tout âge, et jusqu’aux êtres qui ne sont d’aucun sexe ; il s’ensuit que toutes les parties de l’âme et du corps ont droit à son attention, à ses secours spirituels, à ses plus minutieux conseils. L’intention purifiante sanctifie donc les sujets les plus immondes ; l’on résume, l’on analyse, et l’on commente les casuistes anciens et modernes, Augustin, Thomas d’Aquin, Sanchez, Liguori, Gury, Billuard, Solter, Bouvier, Rousselot, Busembaum, le cardinal Gousset, sans compter les papes et les conciles. »

L’ouvrage de Monseigneur Bouvier, où se trouvent énumérées, étalées, en latin spécial — de sacristie, — toutes les obscénités inimaginables et drolatiques, élaborées par des célibataires échauffés, est écrit pour l’édification de jeunes prêtres voués à la chasteté et appelés à juger des ignominies, dont l’ignorance absolue est leur devoir le plus sacré. Cet ouvrage infâme se divise en deux parties que nous osons à peine indiquer ici, en latin, bien que le latin, « dans les mots brave l’honnêteté. »

I. Dissertatio in sextum decalogi præceptum ;

II. Supplementum ad tractatum de matrimonio.

La première partie comprend cinq chapitres :

1o De luxuriā in genere ;

2o De speciebus luxuriæ naturalis consummatæ ;

3o De speciebus luxuriæ contra naturam consummatæ ;

4o De peccatis luxuriæ non consummatæ ;

5o De causis, effectibus et remediis lururiæ.

La seconde partie de ce livre comprend deux divisions principales :

1o De impedimento impotentiæ ;

2o De debito conjugali.

Traduction littérale, en notre langue si chaste et si délicate :

I. Dissertation sur le sixième commandement ;


« Luxurieux point ne seras,
« De Corps ni de consentemnt. »


II. Supplément au traité du mariage.

Dans la première partie, il est question :

1o De la luxure en général ;

2o Des différentes espèces de luxure naturelle consommée ;

3o Des différentes espèces de luxure consommée contre nature ;

4o Des péchés de luxure non consommée ;

5o Des causes et des effets de la luxure et de ses remèdes.

Dans la seconde partie, supplément au traité du mariage, toutes les questions relatives à ce sujet peuvent se réduire à deux principales :

1o Des empêchements pour cause d’impuissance ;

2o Du devoir conjugal.

Telles sont les principales divisions de ce livre étrange, de ce manuel des confesseurs.

Quant aux détails, on en jugera : ils répondent à ces titres graveleux et obscènes. Après avoir expliqué dans le premier chapitre ce qui est du ressort de la luxure en général, le prélat traite, dans le deuxième, en praticien consommé, de la fornication, du concubinage, de la prostitution, du stupre, du rapt, de l’adultère, de l’inceste et des sacrilèges. « Plusieurs théologiens affirment, dit le docte évêque, que les relations charnelles d’un confesseur avec sa pénitente sont incestueuses ; que le coït d’un fils avec sa mère ou d’un père avec sa fille, constitue un inceste particulier qu’il faut accuser en confession, comme circonstance aggravante. »

Au chapitre troisième, tableau des différentes espèces de pollutions volontaires ou involontaires,