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Catéchisme à l’usage des Jésuites



« En établissant des maximes de morale douces, flexibles, commodes, complaisantes aux passions, aux vices, aux péchés, le plus grand nombre des hommes et des femmes de tous les rangs, de toutes les catégories de la société, nous choisiront pour confesseurs, nous livreront la direction de leur conscience…… Or, diriger les âmes des créatures, c’est s’assurer l’empire du monde…… ad majorem Dei gloriam ! pour la plus grande gloire de Dieu ! et au profit de la compagnie de Jésus. »

Telle est la doctrine enseignée par Ignace de Loyola, fondateur de l’ordre.

En voici l’application :

Un pénitent engagé dans les ordres sacrés, curé, moine, chanoine ou évêque, se présente au confessionnal des Jésuites. Mon père, je m’accuse d’avoir quitté l’habit ecclésiastique et de m’être vêtu en laïque, bien que je connaisse la défense de mes supérieurs et les saints canons de l’Église qui interdisent, sous peine d’excommunication, de quitter l’habit religieux, ne fût-ce que pour un instant.

Le confesseur jésuite. Mon fils, distinguons : si vous avez quitté le vêtement ecclésiastique, afin de ne pas le souiller par une action honteuse, telle que d’aller filouter dans une maison de jeu, de courir les caboulots, ou pour faire une partie de débauches avec des filles publiques, vous avez obéi à un sentiment de vergogne, fort respectable, et vous n’avez pas encouru pour ce fait l’excommunication.

Un député, ami de la religion, de la famille et de la propriété, s’approche à son tour du tribunal de la pénitence. Mon père, je m’accuse d’avoir désiré la mort de ma mère et celle de mon père, afin de me trouver libéré d’une pension viagère que je leur paie en retour des biens qu’ils m’ont abandonnés, et pour entrer en possession de leurs autres richesses.

Le confesseur. Mon fils, un propriétaire peut, sans péché, désirer la mort de ceux qui ont à prélever une pension sur les revenus de ses domaines ; en cela, ce n’est pas la mort de ses créanciers qu’il souhaite, mais la libération de sa dette. Quant à la pensée parricide dont vous vous accusez, ce serait un véritable péché mortel si vous aviez eu en vue la mort de vos parents par malice ou méchanceté ; mais comme elle résulte simplement d’une impatience naturelle de vous trouver en possession de leur héritage, vous n’avez pas même péché véniellement.

Un grave magistrat se présente au sacré guichet. Mon père, je m’accuse d’hypocrisie ; je suis un homme de robe, attaché au tribunal de cette ville ; je ne crois à rien en fait de religion, ni à Dieu ni à diable, ni à la vierge Marie ni aux saints, ni à l’an-