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ABBESSES CONFESSEUSES
LES COLOMBES DE LESBOS


À l’origine du christianisme, les fidèles élisaient des prêtres et des prêtresses. L’Église a maintenu les femmes dans l’exercice des fonctions sacerdotales durant plusieurs siècles ; elles célébraient la pâque, elles enseignaient, elles dogmatisaient. Beaucoup ont mérité d’être signalées comme doctoresses du plus grand mérite. Elles confessaient les fidèles au même titre que les prêtres, et particulièrement les autres femmes ; mais la confession n’avait pas alors le caractère de sacrement. Les chrétiens qui avaient des doutes sur certains points de religion ou qui éprouvaient des hésitations sur une opinion à adopter, ou qui craignaient d’avoir contrevenu aux commandements de Dieu, s’adressaient aux prêtres pour en obtenir des conseils, des enseignements, des consolations ; ces rapports n’avaient pas un caractère défini ou obligatoire.

On était libre de faire les confidences aux prêtresses, comme aux prêtres, et même à des personnes qui n’étaient pas engagées dans les ordres sacrés. Les laïques avaient, aussi bien que les ecclésiastiques et les prêtresses ou les abbesses, le droit d’imposer les mains, de donner la bénédiction ou l’absolution à ceux et à celles qui avaient commis des péchés, leur en faisaient l’aveu, et se repentaient. La contrition était même la seule condition qui fût indispensable pour être réconcilié avec Dieu ; les chevaliers, au moyen âge, blessés sur un champ de bataille, piquaient leur épée en terre, s’agenouillaient devant la poignée qui avait la forme d’une croix et se confessaient à leur épée. Confession valable, suivant l’Église, s’il y avait contrition, repentance.

Le sire de Joinville, dans ses Mémoires, qui sont du XIIIe siècle, raconte que le connétable de Chypre, lors de l’expédition de Palestine, se con-