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der et que l’autre est tenu de rendre le devoir : aussi plusieurs théologiens, dans ce cas comme dans le précédent, conseillent à celui qui est innocent de faire la demande du coït afin d’éviter à son conjoint de tomber dans le péché.

Beaucoup de théologiens, dont Sanchez rapporte les décisions, l. 9, disp. 6, no  11, assurent que celui qui est innocent pèche mortellement s’il rend le devoir à celui qui le demande, car il se rend à une demande mortellement mauvaise, et il en revêt toute la malice. Cependant, Sanchez, St Ligori et nombre d’autres théologiens enseignent plus généralement, et d’une manière plus probable, qu’il n’y a pas de péché à rendre le devoir lorsqu’il est imprudent de détourner du péché celui qui demande ; car en se livrant à l’acte conjugal, l’époux innocent fait une chose bonne en soi, à laquelle il a droit, et dont le crime d’un autre ne saurait le priver ; ainsi, qu’il demande ou qu’il rende le devoir, il ne fait qu’user de son droit ; il ne commet donc pas de péché, surtout s’il devait résulter quelque désagrément de son refus sans pouvoir empêcher un autre de commettre le péché.


§ IV. — De ceux qui commettent le péché d’Onan


Ce péché a lieu lorsque l’homme retire son membre après l’avoir fait pénétrer dans la matrice afin de répandre sa semence hors du vase naturel de la femme dans le but d’empêcher la génération. Il tire son nom d’Onan, second fils du patriarche Judas, qui fut forcé d’épouser Thamar, veuve de son frère Her, mort sans postérité, afin de perpétuer la race de son frère : Onan sachant que les enfants qui naîtraient de la femme de son frère ne seraient pas considérés comme étant les siens, répandait la semence par terre pour ne pas donner naissance à des enfants qui porteraient le nom de son frère. (Gen. 38, 9). Rien n’est aujourd’hui plus fréquent que cette détestable coutume entre les jeunes mariés qui, n’étant pas retenus par la crainte de Dieu, foulent aux pieds ce précepte de l’apôtre : Union honorable entre toutes, et couche immaculée (Hebr., 13, 4) et vivent comme des chevaux et des mulets qui n’ont pas d’intelligence (Ps. 31, 9). Recherchant uniquement les plaisirs dans le mariage, ils en évitent les charges, ne veulent pas avoir d’enfants ou les avoir en nombre déterminé, et cependant se livrent à la passion honteusement et sans frein, appliquant leur adresse à éviter les effets du coït.

Il est certain 1o que l’homme qui agit ainsi, quelle que soit la raison de sa conduite, pèche mortellement, à moins que sa bonne foi ne l’excuse ; il ne peut être absous à moins qu’il ne se repente de sa faute et qu’il ne prenne la ferme résolution de ne plus tomber dans le péché : car il est évident qu’il a commis une énormité contre le but du mariage ; c’est pourquoi Dieu l’a frappé (Onan) parce qu’il avait commis une action détestable.

Il est certain 2o par la même raison, que la femme qui engage le mari à agir ainsi ou qui consent à cette action détestable, ou, à plus forte raison, qui se retire contre le gré de son mari avant que l’écoulement de la semence ait eu lieu, commet un péché mortel et est tout à fait indigne de l’absolution. Les femmes, très souvent, empêchent l’homme d’accomplir l’acte conjugal ou du moins consentent librement à cette mauvaise action.

Il est certain 3o que la femme, ordinairement du moins, est tenue d’avertir son mari, et de le détourner, selon son pouvoir, de cette action perverse ; la charité l’y oblige.