c’est le jardinier qui a fait le coup. On l’interroge. « Quoi ! Messieurs, répond celui-ci, c’est vous qui avez ainsi disposé de ce qui est à moi, qui avez remplacé mes melons de Malte par des fèves ? Je vous défends de vous promener à l’avenir dans mon jardin. » Et l’objet du précepteur est atteint : Émile a saisi l’origine de la propriété[1].
Le célèbre fondateur du Philanthropinum de Dessau, Basedow, n’admet pas qu’on restreigne la liberté de jouer chez les enfants ; mais le maître doit faire en sorte que les enfants ne choisissent presque jamais d’autres jeux que ceux auxquels il veut les voir s’adonner. Comme l’étude, dans le Philanthropinum, est un jeu, l’enfant doit vouloir toujours étudier. Si pourtant il regimbe, on l’applique au jeu du travail manuel, et on rend celui-ci aussi pénible qu’il est nécessaire pour que l’enfant, de lui-même, redemande l’étude. Il importe, dit encore Basedow, d’accoutumer l’enfant à modérer ses désirs et à vaincre ses répugnances. Pour y réussir pédagogiquement, on l’habituera à des refus, sans lui en expliquer les motifs. Lors même qu’on serait disposé à lui accorder ce qu’il souhaite, on le lui fera parfois attendre ou on ne le lui donnera qu’à moitié. De temps en temps ou interrompra brusquement le boire, le manger ou la récréation, pour appliquer l’enfant à quelque autre exercice. L’enfant a-t-il du dégoût pour certains aliments, c’est une raison pour le contrain-
- ↑ Rousseau, Émile, liv. II.