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avant-propos

de contribuer, pour sa part, à l’éducation morale de la jeunesse. Elle lui transmettra les plus nobles leçons que nous ait léguées l’humanité : n’est-ce pas le meilleur moyen d’en faire des hommes ?

Les conférences que nous publions ont été conçues dans cet esprit. Elles ont pour objet, non d’enseigner dogmatiquement tel ou tel système, mais d’appeler l’attention sur les plus importantes idées morales impliquées dans notre civilisation. Ces types de la morale doivent d’abord être considérés en eux-mêmes, de telle sorte que l’on prenne conscience de leur affinité avec l’âme humaine. Et ce n’est que quand une fois on en est bien maître qu’on est en droit de se demander s’ils s’accordent ou se contrarient, s’il convient de choisir entre eux ou de chercher à les concilier. À procéder de la manière inverse et juger des données morales d’après un système préconçu, on risquerait de laisser échapper de précieuses conquêtes de la conscience humaine et de violer la sublime règle si bien exprimée par le vers de Térence.

Nos deux dernières conférences se rapportent spécialement à la pratique de l’enseignement et de l’éducation. L’idée qui les domine est la suivante.

Il convient de distinguer entre l’éducation et la pédagogie, prise du moins en un sens étroit qui se rencontre fréquemment.

L’éducation pure et simple va à son but sans artifice, par les moyens que suggère le bon sens, le tact, l’affection, ou qu’enseignent l’observation et l’expérience. La pédagogie, chez plusieurs de ses