Page:Boutroux - Questions de morale et d’éducation.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xvi
avant-propos

s’en tient pas aux mots et aux faits matériels, mais voit dans ces objets ce qui les constitue en effet, à savoir les idées, les sentiments et les destinées de l’âme humaine, ils fournissent à tout propos des moyens d’instruction et de culture morales.

Comme exercice plus directement approprié à cette culture, on peut recommander l’étude d’exemples ou de maximes remarquables, tirées de l’histoire et de la littérature.

L’exemple est probablement le moteur moral lui-même. Qui a fait le christianisme ? Est-ce une théorie ? Est-ce une vie ?

Les maximes sont la forme de la théorie qui se rapproche le plus de la pratique. Les stoïciens et les épicuriens, qui prétendaient que leur philosophie fût un genre de vie, la réduisaient en aphorismes. Leibnitz, pour mettre l’homme en garde contre le psittacisme, qui répète les paroles sans en être touché et sans faire effort pour les mettre en pratique, aimait à répéter : « Penses-y bien et souviens-toi. » Ce précepte suppose que l’on a dans l’esprit les idées sous forme de maximes. Et, de fait, quelle n’est pas la force d’une pensée revêtue de cette forme souveraine, qui la fixe pour l’éternité ! Un long discours fera-t-il sur nous une impression plus profonde que ce vers de Corneille :

                      Un père est toujours père :
Rien n’en peut effacer le sacré caractère ?

Une maxime bien frappée se grave dans la mé-