Page:Boutroux - Questions de morale et d’éducation.djvu/27

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xv
avant-propos

moins qu’en aucune autre, ne saurait avoir le droit de donner carrière à son imagination ou à ses préférences individuelles. Il ne peut parler que sous l’idée de l’universel. Non seulement il aura égard à tous ses élèves et non pas seulement à quelques-uns, mais il parlera les fenêtres ouvertes, de manière à ne dire que ce qui peut être entendu de la société tout entière. Ce qu’il dit d’ailleurs ne s’impose pas à lui-même moins qu’à ses auditeurs. Il n’y a pas de maître devant la morale.

À la question pourquoi doit-on faire ceci et éviter cela ? le maître ne connaît qu’une réponse, la seule en définitive que possède l’humanité : « Ceci est bien, cela est mal. » On n’élève pas les enfants en leur apprenant à ergoter sur le devoir. Le père de famille qui, à chaque instant, est aux prises avec la réalité, sait qu’une seule parole est efficace : « Ceci ne se fait pas ; il faut faire cela. » La force de cette parole réside dans l’égalité de situation où se trouvent devant elle les grands et les petits.

Quant à savoir quelles sont les choses que l’on doit faire ou éviter, c’est ce que le maître trouvera occasion d’apprendre à ses élèves à propos de toutes les matières de l’enseignement. Le travail comme le jeu doit être dominé par des idées de devoir, de conscience et d’honneur ; et, sans prêcher en aucune façon, on peut aisément rappeler les enfants à l’observation constante de ces principes. Si d’ailleurs on considère certaines matières de l’enseignement, telles que l’histoire et la littérature, il est trop clair que, pour qui ne