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xiv
avant-propos

crate, d’un Marc-Aurèle, d’un Pascal ? L’homme vertueux, disait Aristote, est lui-même la règle et la mesure de la vertu. Et n’est-ce pas en effet un véritable critérium, que l’accord des intelligences humaines, et en particulier des plus sublimes intelligences, sur les fins qui conviennent à l’activité de l’homme ?

Je ne suis donc pas dépourvu de guides ; je trouve des principes directeurs, en entrant en communion avec les hommes en général et avec les plus grands penseurs et hommes de bien de tous les temps. Peut-être toute la sagesse en matière pratique se résume-t-elle dans la parole célèbre : « Je suis homme, et ne considère rien d’humain comme m’étant étranger. » Il serait étrange qu’un homme rejetât, sans en rien vouloir retenir, les idées et les sentiments qui ont créé l’humanité, qui l’ont dotée des biens et des aspirations auxquels elle est attachée aujourd’hui même. Combien n’est-il pas plus naturel, plus juste, et sans doute plus salutaire, de chercher dans toutes les grandes manifestations de la nature humaine l’élément foncièrement humain qu’elles ne peuvent manquer de recéler, de le recueillir pieusement et de le rajeunir en l’incarnant dans des formes nouvelles !

Souhaiterait-on de tirer des réflexions qui précèdent quelques conséquences positives immédiatement applicables à l’enseignement ? Ces conséquences seraient les suivantes.

La morale se vit avant de s’enseigner ; c’est par l’exemple qu’elle s’introduit tout d’abord à l’école. Dans son enseignement, le maître, en cette matière