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Conformément à ce principe, Pascal démontre la pesanteur de l’air par analogie, en remplaçant l’air par l’eau dans l’expérience du vide. Et il prouve qu’il faut rapporter à la pesanteur de l’air tous les effets que l’on a jusqu’ici attribués à l’horreur du vide, tels que la difficulté d’ouvrir un soufflet bouché, l’élévation de l’eau dans les seringues, etc.

C’est ainsi que Pascal poursuit dans le détail les conséquences des lois générales qu’il a formulées, et se montre vraiment physicien. Mais en même temps il réfléchit sur la manière dont se forme et se développe la science, et déploie les qualités du philosophe. Ses lettres au P. Noël et à M. Le Pailleur sont riches en réflexions de cette nature. Et dans un opuscule intitulé Préface sur le Traité du vide, qui fut sans doute écrit dans le courant de 1647, il esquisse une philosophie de la physique.

Il y a, dit-il, deux sortes de choses : celles qui ne dépendent que de la mémoire, ce sont les choses de fait ou d’institution, soit divine, soit humaine ; et celles qui tombent sous les sens ou sous la raison, ce sont les vérités à découvrir, objet des sciences mathématiques et physiques.

Ces deux domaines sont entièrement séparés l’un de l’autre. Dans le premier, l’autorité est seule admise. En effet, seule elle peut nous faire connaître les événements passés. En théologie, notamment, elle est souveraine, suffisant à ériger en vérités les choses les plus imcompréhensibles, comme à rendre incertaines les plus vraisemblables. Mais dans les domaines physique et mathématique, l’autorité est sans force. On en convient aisément quant aux