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étaient dédiées, et lui expose en détail l’histoire de son expérience. M. de Ribeyre estime qu’il s’est trop ému. Le bon Père n’a sans doute été porté à étaler sa proposition que par une démangeaison qu’il avait de produire quelques expériences, qui, à son gré, détruisaient celles de Pascal, mais qui, en réalité, sont insignifiantes. Il a protesté d’ailleurs de sa bonne intention. Ce qu’on a pu dire contre Pascal est plus digne de mépris que d’attention.


« Votre candeur et votre sincérité, dit en terminant M. de Ribeyre, me sont trop connues pour croire que vous puissiez jamais être convaincu d’avoir fait quelque chose contre la vertu dont vous faites votre profession, et qui paraît dans toute vos actions et dans vos mœurs. »


L’avenir réservait à la mémoire de Pascal une épreuve plus redoutable.

Entre l’époque des expériences de Rouen et celle de la lettre à M. Périer, Pascal avait eu à Paris deux entrevues avec Descartes, le 23 et le 24 septembre 1647. Il était très malade et ne pouvait guère soutenir une conversation. Descartes se préoccupa vivement de sa santé et lui conseilla de se tenir tous les jours au lit jusqu’à ce qu’il fût las d’y être, et de prendre force bouillons. Mais il ne manqua pas de mettre sur les questions scientifiques le jeune savant auquel il venait rendre hommage. Il fut question du vide et, comme on demandait à Descartes, à propos d’une certaine expérience, ce qu’il croyait qui fût entré dans la seringue, le philosophe, avec un grand sérieux, dit que c’était de sa matière subtile. Sur quoi Pascal lui répondit ce qu’il put ; et M. de Roberval, qui était présent, croyant que Pascal avait