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générale de la société civile, qu’il n’y ait point d’autorité d’âge, point de condition, point de robe, point de magistrature, qui puisse donner la liberté d’invectiver contre qui que ce soit.

Telles furent les relations de la famille Pascal avec le R. P. Noël, de la Compagnie de Jésus.

Cependant, dès le mois de novembre 1647, Pascal avait envisagé sous un autre aspect l’expérience de Torricelli. Il se demandait, non plus si l’espace qui surmonte le mercure est réellement vide, mais quelle est la cause qui tient suspendue la colonne de mercure. Galilée avait démontré que l’air est pesant. Torricelli avait émis l’idée que la pesanteur de l’air pouvait être la cause du phénomène qu’il avait découvert. Piscat, qui, maintenant, a connaissance de cette pensée de Torricelli, remarque que ce n’est qu’une pensée, une explication possible, une hypothèse, tant que l’expérience n’a pas montré l’impossibilité de toute autre explication. Il s’agit donc de combiner une expérience telle, qu’elle fasse voir, dans la pesanteur de l’air, la seule cause admissible de la suspension du mercure dans le tube.

Que cette cause soit véritable, Pascal a, par avance, de bonnes raisons de l’admettre. Galilée avait expliqué le phénomène par l’hypothèse d’une horreur limitée de la nature pour le vide. Mais la nature est-elle capable d’horreur ? Cette affection est une passion, et suppose une âme. Or la nature n’est ni animée ni sensible. De plus, Pascal étendant ses recherches aux conditions générales de l’équilibre dans les fluides, en est arrivé à se former à ce sujet un principe universel, d’où suit l’explication donnée par Torricelli.