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d’avoir lu la moitié de l’Essai du fils de M. Pascal, il avait jugé que celui-ci avait appris de M. Desargues ; ce qui, ajoute-t-il, lui a été confirmé, incontinent après, par la confession que Pascal jeune en fait lui-même. C’était se montrer peu bienveillant. Car Pascal disait avec candeur, à propos d’une proposition fondamentale : « Je veux bien avouer que je dois le peu que j’ai trouvé sur cette matière aux écrits de M. Desargues, et que j’ai tâché d’imiter, autant qu’il m’a été possible, sa méthode sur ce sujet. » Leibnitz, qui eut communication du manuscrit entier vers 1676, en fut ravi ; il exprima à la famille sa passion pour tout ce qui regardait feu M. Pascal, et l’engagea à publier le traité dans l’état même où il se trouvait. Le conseil de Leibnitz ne fut pas suivi, et nous ne possédons que l’extrait qui fut communiqué à Descartes.

L’œuvre de Pascal était la suivante. Il chercha un principe qui pût former la base de la théorie entière des sections coniques. Il le trouva dans la célèbre proposition de l’hexagramme mystique : tout hexagone inscrit dans une conique jouit de cette propriété, que les trois points de rencontre des côtés opposés sont toujours en ligne droite. Considérant, suivant une méthode qui paraît avoir été déjà employée par Desargues, les différentes coniques comme une même courbe qui, par les variations de certaines lignes, devient tantôt parabole, tantôt ellipse ou hyperbole, il en déduisait les propriétés dans quatre cents corollaires, tous tirés de la même proposition fondamentale, qui s’applique à la fois à toutes les coniques. Sa théorie, non seulement embrassait tous les résultats