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CHAPITRE IX


PASCAL ET SES DESTINÉES


Le visage de Pascal, autant que nous en pouvons juger par le masque moulé après sa mort et par un ou deux portraits, avait une expression singulière d’intelligence, de réflexion, de finesse, d’ironie imperceptible, de décision, de candeur et de spiritualité. Plus que ses lèvres fines et élégantes, plus que son nez à la courbure prononcée, on remarque tout de suite ses yeux au regard scrutateur, calme et impérieux, dont on ne peut dire s’ils attirent par le beau génie qu’ils manifestent, ou s’ils intimident par leur expression de détachement.

Si remarquable que soit cette physionomie, elle ne traduit que faiblement une vie intérieure d’une richesse et d’une intensité extraordinaires. Pascal réunissait des qualités singulièrement différentes le don des sciences d’observation et de raisonnement, et le sens très pénétrant des choses du cœur et de l’âme, le besoin de connaître et le besoin d’aimer, le penchant à la vie intérieure et le désir ardent d’agir sur les autres hommes, la candeur et