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mencer. Vous pouvez bien faire un effort, et éprouver si ce que je dis est vrai.

Pour plier notre cœur au commandement de notre raison, nous disposons d’un moyen puissant : la coutume. Elle fait nos attachements et nos répugnances, elle peut les défaire. Elle a une influence naturelle sur nos dispositions intérieures. Vous donc qui voulez croire et ne pouvez, vous que la raison porte à chercher la foi, et qui sentez une résistance dans votre cœur, faites comme si vous croyiez, prenez de l’eau bénite, faites dire des messes. Naturellement même cela diminuera vos passions, vous fera croire, et vous abêtira. C’est ce que je crains. Et pourquoi ? Qu’avez-vous à perdre ? La sagesse dont vous vous targuez n’est que mensonge. C’est en revenant au naturel et à la simplicité, dont follement les hommes se moquent, que vous vous rendrez capable de recevoir l’impression de la vérité.

Tel est le rôle de la coutume. Mais elle aussi est insuffisante. Une seule chose produit la foi parfaite l’inspiration. Si les raisonnements et la coutume ont quelque valeur, c’est qu’ils annoncent ou plutôt accompagnent, traduisent et rendent sensible à la conscience l’action de la grâce. S’offrir par les humiliations aux inspirations, qui seules peuvent faire le vrai et salutaire effet, c’est le suprême effort de l’homme dans sa poursuite de la foi.

À mesure que se purifie sa disposition intérieure, la vérité se dévoile à ses yeux.

Le livre qui la contient est la Bible. Ce livre me frappe tout d’abord par ses marques d’authenticité.