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1668, lorsque le pape Clément IX eut, croyait-on, terminé les querelles du jansénisme et fait la paix de l’Église, que l’on travailla à mettre les fragments en ordre. Le duc de Roannez eut le plus de part à ce travail. Il fut secondé par Arnauld, Nicole, et plusieurs de ces Messieurs. M. et Mme Périer se résignaient difficilement aux changements que l’on croyait devoir faire. Mais Arnauld expliqua à M. Périer que l’on ne saurait être trop exact, quand on avait affaire à des ennemis d’aussi méchante humeur que ceux de M. Pascal ; et qu’il fallait prendre garde, pour sauver quelques expressions sans importance, de rendre la publication impossible. Dans un esprit de discrétion et de respect, en songeant constamment à tout ce que leur avait dit Pascal lui-même de son plan et de ses idées, ces confidents de sa pensée travaillèrent à donner un dessin fidèle de l’œuvre projetée.

L’impression fut achevée en 1669 ; la publication n’eut lieu qu’en 1670. L’ouvrage, intitulé Pensées de M. Pascal sur la religion et sur quelques autres sujets, qui ont été trouvées après sa mort parmi ses papiers, fut précédé, non de la Vie de Pascal, qui eut risqué de faire une trop large place à la personne de l’auteur, mais d’une préface composée par son neveu Étienne Périer, exposant le dessein de M. Pascal. Il parut revêtu de l’approbation de plusieurs évêques et docteurs.

Cette première édition était volontairement, incomplète et arrangée. Les éditions que donnèrent Condorcet en 1776, et Bossut en 1779, plus complètes, demeurèrent fort différentes du texte original.