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Il répondit qu’il avait préalablement trouvé telle chose et telle autre, et remonta ainsi jusqu’à ses définitions et à ses axiomes. Étienne Pascal alla confier cette aventure à son ami M. Le Pailleur, en pleurant de joie. Et il donna à son fils les Éléments d’Euclide, pour qu’il les lût dans ses récréations.

D’ailleurs il poursuivit l’exécution de son plan. Son fils ayant atteint sa douzième année, il le mit au latin, aux mathématiques, à la philosophie, et lui fit faire des études scientifiques en règle. Il lui enseigna le latin d’après une méthode à lui, où la grammaire latine était rattachée à la grammaire générale, telle qu’elle se déduit de l’observation des langues et des lois de l’esprit. L’histoire et la géographie faisaient l’objet d’entretiens suivis, tous les jours, pendant et après les repas. Il inventait des jeux propres à aider ses enfants dans cette étude. C’est également à table qu’il initiait son fils à la philosophie.

Les sciences avaient le premier rang dans cette éducation, et Blaise s’y appliquait avec ardeur, surtout aux mathématiques, où il trouvait les marques de la vérité.

Étienne Pascal réunissait chez lui des hommes d’esprit qui conféraient sur les questions scientifiques à l’ordre du jour. Le jeune Pascal, admis de bonne heure à ces réunions, y tint fort bien son rang ; souvent même il apportait des idées utiles. Son père le mena bientôt à des conférences célèbres qui avaient lieu chaque semaine chez le P. Mersenne, et qui furent l’origine de l’Académie des Sciences. On y rencontrait Roberval, Carcavi, Le Pailleur, mathématiciens, Mydorge, passionné pour la fabri-