Page:Boutroux - Pascal.djvu/158

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de notre obéissance. « Le Port-Royal craint, c’est une mauvaise politique. »

Une longue discussion eut lieu entre ces Messieurs. À la fin, tous se rangèrent à l’avis d’Arnauld et de Nicole, qui proposaient de signer, moyennant une restriction. Pascal se trouva mal, et tomba sans parole et sans connaissance.

Mais l’addition sur laquelle avaient délibéré ces Messieurs fut repoussée, et l’on exigea que les religieuses signassent purement et simplement. Elles refusèrent. Était-ce là se séparer du Pape et de l’Église ? Dans la pensée de Pascal, c’était au contraire rester uni à l’Église catholique indivisible, invisible et éternelle, qui seule est la véritable Église de Dieu.

Cependant, dès le mois de juin 1661, l’état de santé de Pascal s’était aggravé. Il n’en fut que plus attentif à s’oublier pour les autres, et à donner toutes ses pensées à Dieu. Il avait recueilli chez lui un pauvre ménage, dont un enfant prit la petite vérole. Craignant la contagion pour les enfants de sa sœur, qui venait chaque jour chez lui, au lieu de déplacer le petit malade, il quitta lui-même sa maison pour loger chez Mme Périer.

Ses amis de Port-Royal, notamment Arnauld et Nicole, le visitaient de plus en plus fréquemment, et l’entretenaient des choses de la religion. Il se confessa plusieurs fois à M. de Sainte-Marthe. Il se confessa aussi à M. Beurier, curé de Saint-Étienne-du-Mont, sa paroisse. Celui-ci, ayant su qu’il était l’auteur des Provinciales, lui demanda s’il n’avait rien à se reprocher là-dessus. Il répondit tranquille-