Page:Boutroux - Pascal.djvu/149

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

telle que, quand il s’y livrait, il oubliait tout le reste. Il comprit que la maladie, qui affaiblit le corps, et, par suite, là concupiscence, est l’état naturel du chrétien. Il en accrut encore les effets par la mortification. Il combattit méthodiquement en lui les trois concupiscences de la chair, de l’esprit, de la volonté.

Il portait une ceinture de fer garnie de pointes à l’intérieur, à nu sur la chair ; et quand il lui venait quelque pensée de vanité, il se donnait des coups de coude pour redoubler la force des piqûres. Il se refusait tout ce qui est agréable au goût. Il se faisait pauvre pour imiter Jésus-Christ. Il aimait les pauvres avec tendresse ; et il empruntait, plutôt que de leur refuser l’aumône. Ayant inventé un système de carrosses-omnibus, qui réussit fort bien, il demanda mille francs par avance sur sa part des bénéfices, pour les envoyer aux pauvres de Blois, que l’hiver de 1662 avait mis dans une grande détresse. L’affaire, par malheur, ne s’arrangea pas.

Il n’est pas croyable à quel point il était exact sur le chapitre de la pureté. Ses actes marquaient, à cet égard, une délicatesse qui excitait l’admiration des plus pieux ecclésiastiques.

Sa vivacité et son impatience avaient fait place à une douceur merveilleuse, particulièrement envers ceux qui l’avertissaient ou l’offensaient.

Il se déprenait de ses plus chères affections. Il tenait maintenant les mathématiques pour futiles, n’estimait les sciences que dans leur rapport à la piété. Il veillait à ce que sa grande tendresse pour les siens n’allât pas jusqu’à l’attachement. Réciproquement, il ne voulait pas que l’on eût de l’attache pour