qu’ils n’avaient jamais rien entendu de plus beau, de plus fort, de plus touchant ni de plus convaincant. Pascal sans doute, aurait pu, dès cette époque, c’est-à-dire vers 1658, écrire l’ouvrage en peu de temps. Mais il avait accoutumé de travailler infiniment tout ce qu’il composait. Il ne se contentait presque jamais de ses premières pensées ; il refaisait huit et dix fois des pièces que chacun trouvait admirables sous leur première forme. Il continua ses méditations.
Doué d’une excellente mémoire, il écrivait peu. Mais, vers 1658, ses continuels maux de tête l’ayant rendu sujet à l’oubli, il prit l’habitude de noter sur des feuilles éparses les idées qui lui venaient à l’esprit. Son extrême difficulté à se satisfaire donnait lieu de craindre que l’œuvre ne demeurât inachevée, même s’il avait conservé quelque santé. Mais ses infirmités qui devinrent intolérables lui firent tomber la plume des mains avant qu’il eût abordé la composition proprement dite.
Tandis que son état de maladie mettait de plus en plus obstacle à son travail, il en usa pour s’appliquer à son perfectionnement intérieur. Son principe était que l’obéissance aux commandements de Dieu ne suffit pas, mais que le devoir est de réformer notre cœur, de manière à vouloir véritablement et pleinement ce que nous faisons pour honorer Dieu. Or il ne sentait que trop qu’il n’était pas né chrétien. Il avait une humeur bouillante, qui se portait aux excès, une fantaisie d’exceller en tout, une disposition à l’ambition, à l’orgueil, à la révolte. Il avait des affections impétueuses, était enclin à la colère, à l’ironie. Il ressentait, pour la science, une passion